Pollution en Loire à Orléans : les conséquences possibles

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Après avoir tenté de déterminer les causes possibles du rejet d’eaux usées en Loire à Orléans, essayons d’évaluer les possibles conséquences d’une telle pollution. Il est difficile de connaître l’impact précis de cette pollution sur les écosystèmes du fait que l’on n’a pas encore quantifié le phénomène et déterminé l’origine. Toutefois, on sait que l’introduction d’eaux usées dans les rivières et fleuves occasionnent une surcharge de matières organiques, en polluants et microorganismes.

1/ Une surcharge en matières organiques
La surcharge en matières organiques a pour conséquence de provoquer une eutrophisation des milieux. A titre d’exemple, l’estuaire de la Loire est très chargé en matière organique du fait de l’effet cumulatif s’opérant d’amont en aval, s’ajoutant à l’effet normal de la rencontre de l’eau de mer et des eaux douces. L’Eutrophisation y est très importante. De 1950 à aujourd’hui, la dimension du bouchon vaseux est passée de quelques kilomètres à plus de 50 kms. Il n’est pas rare l’été que ce bouchon vaseux s’étale désormais en amont de Nantes jusqu’à Saint-Nazaire ! Une des conséquences connues est que les poissons migrateurs, dont le saumon, sont devenus rares. En déversant les eaux usées en Loire, les grandes agglomérations telles que Saint-Etienne, Orléans, Tours, Nantes amplifient ce bouchon vaseux en plus des apports en nutriment (engrais) de l’agriculture intensive.

Estuaire de la Loire

Estuaire de la Loire

La surcharge de matières organiques comble les bras secondaires de la Loire, participe aussi à la disparition des milieux humides qui ont une capacité de rétention d’eau en cas de crue. Rappelons que ces zones humides devenues si rares contiennent une flore et une faune unique.
Les matières en suspension des eaux usées qui sont très chargées finissent par rendre opaque la Loire. Ce phénomène a pour effet de diminuer la pénétration de la lumière dans l’eau. La flore aquatique, se trouvant privée de lumière, n’est plus en mesure de réaliser la photosynthèse. Ceci provoque, rappelons-le, une forte diminution de l’oxygénation de l’eau pouvant occasionner une asphyxie de la faune. Ce phénomène est aussi amplifier par la dégradation de la matière organique en suspension par les microorganismes. Ces derniers consomment le reste de l’oxygène se trouvant dans l’eau.
La conséquence de cette eutrophisation du milieu est la suivante : Uniquement, les espèces de la faune et de la flore pouvant supporter des faibles concentrations en oxygène dans l’eau subsistent. La biodiversité du milieu diminue. Les espèces constituant le patrimoine de la Loire disparaissent à jamais.

En résumé, avec le déversement d’eaux usées en Loire, les paramètres physico-chimiques se trouvent changés. La faune et la flore existante vivant sous certaines conditions de température, de luminosité, d’oxygénation de l’eau sont remplacés par un nombre limité d’espèces adaptées aux nouvelles conditions.

2/ Les polluants
A cause des polluants, les eaux usées entraînent la mortalité de la faune et de la flore à court et plus vraisemblablement à long terme. Les polluants contenus dans ces eaux peuvent agir directement sur le milieu ou de manière plus diffuse lorsque ceux-ci sont piégés dans les sédiments. En effet, ils seront libérés doucement et pourront donc avoir des effets à long terme sur la faune et donc la flore.

Prenons un exemple : les polluants contenus dans les lingettes.

Lingettes dans les sédiments en Loire

Lingettes dans les sédiments en Loire

Exemple de composition d’une lingette :

Ether de Glycol (phenoxyethanol, propylene glycol, …)
Les ethers de Glycol pénètrent très facilement l’organisme par voie aérienne ou cutanée. Toutefois, l’absorption par l’organisme se fait essentiellement par la peau. On les retrouve dans de nombreux produits ménagers. Des études ont montré que les dérivés de l’éthylène glycol semblent plus toxiques que ceux des dérivés du propylène glycol. Toutefois, un cas de coma chez un nourrisson après succion d’une lingette a été attribué au propylène glycol. Suivant le type d’éther de Glycol, les toxicités semblent être variables.
Des études épidémiologiques ont révélé qu’il existait un lien entre la fertilité et l’exposition aux éthers de glycol, en particulier en contexte professionnel, donc dans le cas d’expositions fréquentes.
Ils sont suspectés de provoquer des altérations génétiques en pénétrant le noyau des cellules. L’ingestion serait responsable de trouble neurologique (confirmation par le cas du nourrisson), d’anomalies dans le sang et de dysfonctionnement rénaux.
En confrontation à ces études, le syndicat des productions d’éthers de glycol communiquent abondamment sur la non-toxicité des produits vendus sur le marché :
http://www.glycol-ethers.eu/fr/
Dans le doute, et étant donné les dossiers de l’amiante, du tabac, des pesticides etc., nous garderons une grande réserve. Vous pouvez consulter un des derniers documents de l’INSERM sur le sujet :
http://www.inserm.fr/content/download/1357/12562/file/120606_ether_glycol.pdf

iodopropynyl butylcarbamate :
Bryld et Al ont publié un article dans la revue « Contact dermatitis » en 1997 montrant que l’iodopropynyl butylcarbamate était irritant et provoquait des allergies. D’autres études rapportent que ce composé serait un toxique pour le foie et affecterait le système immunitaire. Notez que le Japon a pris des mesures pour réduire fortement son utilisation !

disodium cocoamphodiacetate :
Il s’agit d’un tensio-actif synthétique qui a une action nettoyante et moussante. Ce composé a la particularité de ne pas être biodégradable.

polysorbate 20 ou encore E432
Il s’agit d’un émulsifiant, utilisé aussi comme additif alimentaire. Plusieurs sources recommandent de ne pas l’utiliser car il s’agirait d’un mutagène.

peg 40 hydrogenated castor oil
Des études ont montrés que les PEG (polyethylen Glycol) pouvaient contenir des substances additionnelles nocives pour la santé.
Voir cette publication :
http://www.healthy-communications.com/2006peg_compounds_in_cosmetics.htm
Il est par exemple recommandé de ne pas l’appliquer sur une peau irritée.
A très forte dose, des études chez l’animal montrent des effets sur le cerveau, le système nerveux.

Cet exemple de l’étude de la composition d’une lingette vous montre la nocivité possible de ces substances sur le milieu aquatique.

Lingettes en Loire

Lingettes en Loire

Mais il existe un nombre important de substances dans les eaux usées ou même dans les eaux traitées en sortie de stations d’épuration dont l’impact n’a pas encore été mesuré. Une étude importante sur plusieurs années est actuellement menée. A suivre…

3/Les microorganismes
Outre tous les précédents facteurs, les organismes tels que les bactéries, virus (on en dénombre plus de 150 types différents dans les eaux usées !), microfaunes (exemple : les vers parasites tels que les helminthes, divers protozoaires), des moisissures et levures  arrivent en grande quantité en Loire via les eaux usées. La faune de Loire peut se retrouver décimée aussi de ce fait !

En résumé, le déversement d’eaux usées en Loire n’est pas anodin. Il est troublant qu’au 21ème siècle on ne soit pas capable, surtout dans les grandes agglomérations, d’empêcher que les eaux usées soient déversées en Loire.

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